Luc Guiot est un maître dans son art. Facteur de piano, il est au chevet des meilleurs instruments qu’il soigne et prépare pour les plus grands concerts. Mais de concerts, il n’y en a guère, et le facteur n’a plus de labeur.
C’est un petit atelier à la Gepetto, dans le quartier du Toulon, à Périgueux. Sur l’établi de Luc, manches de clé et coins d’accord côtoient les roulettes à tasser les enroulements de cordes. Ici on fait des bouclettes, on flipote, on enfonce les chevilles, on repasse les feutres et on chasse les pivots. Tout un monde.
Luc Guiot règne au milieu de la cinquantaine de pianos qui remplissent l’atelier. Certains parfaits, d’autres éclopés, certains célèbres, d’autres ordinaires, ou à la gloire passée. Tous ont été confiés aux mains et aux oreilles expertes de Luc. C’est que, passionné d’instruments de musique depuis l’enfance, Luc a consacré 40 ans de sa vie à redonner vie et âme aux pianos. Il s’est fait un nom dans le petit univers des artistes.
Dans cet atelier, où l’on répète des gestes anciens, on oublierait bien vite l’agitation extérieure. Mais Luc n’est pas toujours confiné dans son atelier. Au contraire, un facteur ça voyage, et un facteur de piano, ça fugue ! Sorti de son atelier, Luc est une sorte de coach pour piano. Il part exercer son art sur les scènes, prépare les délicats instruments avant les festivals, règle touches et cordes et veille à ce que ses protégés exécutent leur partition sans fausse note. Et avec la suppression massive des concerts, cette activité a pratiquement disparu.
Si Luc a la chance de pouvoir continuer à travailler à domicile, avec un carnet de commandes assez étoffé, il sait qu’à travers la France ses collègues aux activités plus modestes sont à la peine. Il attend donc que tout le monde se mette d’accord et que l’on revienne à la raison pour qu’à nouveau les salles de concert résonnent.